20081228

de moby à chris brown: le nouveau paradigme de la musique commerciale

le 24 décembre dernier, le new york times publiait songs from the heart of a marketing plan, un article qui explique comment l'industrie musicale a graduellement transformé ses sources de redevances. cependant, ces changements altèrent la relation entre les producteurs de contenu musical et le grand public.

depuis 2003, tous les secteurs de l'industrie musicale ont ressenti l'impact de la dissémination digitale de la musique et son effet sur les ventes d'enregistrements (*). il a suffit d'une dizaine d'années pour passer de l'utopie mp3.com, tout juste avant l'implosion de la bulle spéculative sur les start-ups, à la réalité imeem/myspace/itunes store et à l'abandon des tactiques jusqu'alors employées par la riaa dans son combat contre les utilisateurs et différents réseaux p2p.

(*) la contrefaçon a été un facteur important dans l'érosion des revenus des majors (stopping the pop-swappers, bbc news, août 2003), par contre l'impact de la dissémination digitale s'est confirmé avec le temps (the record industry's decline, rolling stone, juin 2007), particulièrement au canada (cd music sales plummet, toronto star, avril 2007)

face à cette situation, les majors se sont tournés vers une autre utilisation, beaucoup plus stable financièrement, de leur catalogue. comme le résume succintement l'article du nyt mentionné ci-haut: why wait for album royalties to trickle in, if they ever do, when licensing fees arrive upfront as a lump sum? it’s one part of the system of copyright regulations that hasn’t been ravaged by digital distribution, and there’s little resistance from any quarters.

l'important changement de paradigme est dans l'inversion de la relation entre la production d'une musique et sa licence commerciale: what happens to the music itself when the way to build a career shifts from recording songs that ordinary listeners want to buy to making music that marketers can use? that creates pressure, subtle but genuine, for music to recede: to embrace the element of vacancy that makes a good soundtrack so unobtrusive, to edit a lyric to be less specific or private, to leave blanks for the image or message the music now serves.

deux cas illustrent parfaitement cette inversion:

en 1999, le sixième album de moby, play, fut le premier du genre à voir l'intégralité de ses pièces exploitées commercialement. l'omniprésence de sa musique dans plusieurs campagnes publicitaires transnationales a propulsé la vente du disque à des niveaux inespérés pendant près de trois ans.

the dozen and a half songs on play, for instance, have been sold hundreds of times for commercials, movies, and TV shows - a licensing venture so staggeringly lucrative that the album was a financial success months before it reached its multi-platinum sales total. (organization moby, wired, mai 2002)

outre l'avantage financier, la stragtégie avait pour but de contourner la difficulté de diffuser la musique électronique sur les radios commerciales. il s'agissait de créer de la visibilité pour le matériel existant. neuf ans plus tard, le modèle est complètement inversé: des pièces conçues spécifiquement pour des campagnes publicitaires sont lancées comme de légitimes singles et (ré)intégrées à la campagne publicitaire une fois quelles sont popularisées!

en juillet dernier the wall street journal révélait que la chanson forever, du jeune artiste pop/r&b chris brown, serait la trame sonore de la nouvelle campagne publicitaire de la gomme à macher doublemint de la compagnie wrigley. le hic, c'est que jamais il n'a été dévoilé avant le lancement de la campagne (et alors qu'elle trônait déjà au palmarès) que la pièce avait été complètement payée par la compagnie wrigley:

mr. brown was commissioned to write and sing both the pop song and a new version of the doublemint jingle, introduced in 1960. first, mr. brown updated the jingle and recorded it with hip-hop producer polow da don. then, during the same los angeles recording sessions in february, paid for by wrigley, mr. brown added new lyrics and made a 4½-minute rendition of the tune, titled "forever." (chew on this: hit song is a gum jingle, the wall street journal, juillet 2008)

le concepteur de la campagne est incroyablement candide sur le sujet (mon emphase): the idea was to connect the hit song and the jingle in listener's minds. that way, [...] "by the time the new jingle came out, it was already seeded properly within popular culture."

j'espère que mon prochain projet musical sera, lui-aussi, "convenablement ensemencé dans la culture populaire"!

démenti: je suis moi-même compositeur de musique, et aucune de mes pièces ne peut efficacement vendre de la gomme ou un déodorant -- quoique si boeing ou dupont publicisaient leurs stocks d'armement, je pourrais probablement les intéresser à quelques pièces de napalm jazz...

20081226

armes de libido massive

un article dans le washington post ce matin nous indique que la CIA utilise le viagra pour négocier avec les patriarches afghans (little blue pills among the ways CIA wins friends in afghanistan). selon d'anonymes agents de la CIA, les chefs de tribus usés par l'âge, la guerre, et mariés à plusieurs jeunes femmes, sont incroyablement contents du résultat:

"take one of these. you'll love it," the officer said. compliments of uncle sam. the enticement worked. the officer, who described the encounter, returned four days later to an enthusiastic reception. the grinning chief offered up a bonanza of information about taliban movements and supply routes -- followed by a request for more pills.

pour la CIA, l'avantage du viagra comme monnaie d'échange est la discrétion:

the usual bribes of choice -- cash and weapons -- aren't always the best options, afghanistan veterans say. guns too often fall into the wrong hands, they say, and showy gifts such as money, jewelry and cars tend to draw unwanted attention.

évidemment, ce pragmatisme militaire est tout aussi imperméable aux nuances culturelles qu'à l'égalité des sexes:

"you're trying to bridge a gap between people living in the 18th century and people coming in from the 21st century, so you look for those common things in the form of material aid that motivate people everywhere."

20081223

trésor byzantin!

j'aime cnn/video car on y trouve des reportages qu'on voit très rarement sur la chaîne américaine (j'imagine que la chaîne internationale est un peu plus diversifiée) -- comme celui-ci, sur des pièces d'or récemment découvertes:

20081220

i heart maddow!

si, comme moi, vous avez été tentés d'ignorer la controverse autour de l'invitation faite au pasteur évangélicaliste rick warren d'officier à la cérémonie d'inauguration du président obama, laissez l'animatrice (ouvertement de gauche et lesbienne) rachel maddow de la chaîne msnbc vous présenter un argumentaire sérieux et posé -- et qui m'a fait reconsidérer mon attitude de départ:



par contre, je persiste à penser que si la "proposition 8" californienne n'avait pas été adoptée lors de l'élection de novembre, la communauté lgbt serait un peu moins en colère -- le président obama peut inviter un pasteur de la droite religieuse à la cérémonie d'inauguration et quand même se révéler un exceptionnel président pour les homosexuels: en reconnaissant l'égalité pour les conjoints de même-sexe lors d'une réforme de leur assurance-santé fédérale, ou bien en abolissant la politique don't ask, don't tell dans les forces armées, tout comme cette pseudo right of conscience rule que l'administration bush officialise présentement et qui permet aux pharmaciens, infirmières et médecins de refuser des pratiques médicales qui vont à l'encontre de leurs sois-disant principes moraux (lire: prescrire des contraceptifs, procéder à une opération sur un patient homosexuel, pratiquer un avortement, etc.).

20081219

une rive en tête

cette pièce ne me sort pas de la tête depuis quelques jours...


il y a un je-ne-sais-quoi dans cette jolie mélancolie!

20081216

morceaux de daïmon

érick d'orion termine sa résidence d'une vingtaine de jours à hull, au cours de laquelle il a transposé l'évangile du bourreau des frères vaïner en quadraphonie violente (un mouvement par chapitre).

ryan stec, christof migone et le george best de l'art audio lui-même présentent leur travail demain soir au centre de production daïmon; il y aura aussi meat parade et très spécialement morceaux_de_machines. nous avons donc passé la soirée de lundi à préparer quelques trucs, dont voici trois extraits:



20081130

"une image est un fait"

voici un premier clip vidéo de création (plutôt que d'archives), inspiré d'une proposition du tractatus:



certains effets sont un peu moins convaincants à cette résolution mais, pour un premier test sérieux, je suis assez content.

20081128

première de [60]project



c'est ce soir, au huddersfield contemporary music festival, qu'a lieu la première de [60]project, une oeuvre du compositeur mathew adkins en collaboration avec soixante-six artistes audio, célébrant le soixantième anniversaire de la musique concrète.

dans un premier temps, chaque artiste a contribué un bref élément sonore. ensuite chacun pouvait utiliser n'importe quels des sons disponibles pour créer un segment électroacoustique de 2-3 minutes. adkins a finalement assemblé le tout -- à l'image de la frankenstein symphony de dhomont, composée de morceaux d'oeuvres d'autres compositeurs -- aux studios du groupe de recherches musicales.

pour mon segment, j'ai utilisé les sons de maja ratkje, todor todoroff et ambrose field. la composition finale est disponible sur disque compact, sur étiquette empreintes digitales.

20081123

que représente la science-fiction?

un ami très proche -- qui vient de termier une plus qu'excellente suite de minerve -- m'a prêté le livre wittgenstein's poker, qui raconte sous tous ses angles la confrontation "violente" entre karl popper et ludwig wittgenstein en 1946, autour de la question s'il existe vraiment des problèmes philosophiques ou bien seulement des jeux de langage (le poker est, dans ce cas-ci, un tisonnier et non le jeu de cartes). et au fil de ce bon portrait historique, il m'est très difficile de ne pas constamment prendre le parti du contrariant luky:

"he might also have made another, though perverse, contribution to britain's war. in 1939 he discussed contradictions in mathematical logic with alan turing, who thought wittgenstein's view, that contradictions were not significant, utterly wrongheaded. (wittgenstein's philosophy of language had evolved dramatically since the tractatus. then he had believed in a perfect, ideal language, devoid of ambiguity. now he believed that if communities developed or adopted a language that contained internal contradictions, well, so be it.) the memory of that disagreement could have played a part in turing's thinking on the logical design of the bombe, the primitive computer, which made possible the timely cracking of the german enigma code in bletchley park."

j'en viens alors au fait qu'on m'a récemment posé la question: "que représente la science-fiction pour toi?" et je trouve qu'à travers la sience-fiction, à travers cette question sur ce que représente la science-fiction, on peut aborder un peu -- et ici, il faut faire attention car même russell s'est fait dire par wittgenstein, à propos du tractatus: "don't worry. i know you'll never understand it." -- comment ces contradictions internes se présentent à nous dans notre rapport à la signification de la science-fiction.

le lecteur de science-fiction accepte la communication qu'on lui propose et donc temporairement comme "vraie" une évocation du réel qui est par définition fausse. à chaque moment il suspend et rétablit sa notion du réel, le lecteur opérant régulièrement une translation entre sa perception d'un réel qui l'entoure et celle projetée par l'acceptation du "mensonge" de la science-fiction.

je pense que la science-fiction "est par définition fausse" parce qu'il s'agit toujours d'un acte de translation de la perception vis à vis le réel; elle se situe entre l'histoire (car le genre exige plus qu'une exacte représentation du monde, mais s'accommode d'une extrême proximité) et la divination (si par une incroyable coïncidence elle dévoilerait exactement le futur!).

si alors on accepte la valeur de cet échange, l'antinomie de la science-fiction ne pose pas de difficulté à la résolution de problèmes philosophiques, au contraire: on en revient alors encore à wittgenstein, car chaque translation de la science-fiction est un "à peu près là" illogique, mais paradoxalement légitime en tant qu'espace de réflexion (donc de représentation).

la science-fiction comme jeu de langage propose donc autant de translations qui deviennent les "bacs de sable" dans lesquels le jeu se déroule. la science-fiction fait de nous ces enfants qui dessinent des villes dans le sable, alors que les deux représentations (le jeu et le monde au delà de son cadre qui se manifestent conjointement) cohabitent, au seuil d'une compréhension modifiée du monde.

20081108

l'art des bruits, deuxième soirée!

nicolas bernier:

diane labrosse:

catherine massicotte et éric normand:

jocelyn robert:

a_dontigny:

20081103

l'art des bruits, première soirée

hélène prévost:

christian calon:

michel f côté:

alexis bellavance:

20081015

lancement &records, deuxième partie

voici un extrait de la seconde partie du concert-lancement &records, avec all up in there (groupe composé de michel f côté, gordon allen et frank martel) et moi.

20081013

lancement &records, première partie


voici un extrait du concert &records du 4 octobre dernier, à montréal. le concert soulignait la parution du disque la notte fa, une collaboration déjantée entre michel f côté et moi. sur disque tout est plus échevelé, grâce aux années passées à mutiler, superposer et resserrer nos pistes sonores, mais je suis très saisfait de cette rencontre improvisée qui donne une bonne idée du projet. par ailleurs, vous pouvez entendre 4 extraits du nouveau disque sur electrocd.com.



bientôt: un extrait de la seconde partie du concert, avec all up in there, groupe composé de michel, gordon allen et frank martel, auquel je me joins pour quelques instants.

20081012

mdm en concert!

voici des clips de qualité supérieure à ceux que j'ai sur youtube, du concert donné à québec en août dernier -- et nous étions en grande forme! j'aurai très bientôt les clips de "l'art des bruits" et du lancement &records avec michel f côté.

20081009

du "phone-sex" gratuit pour la nsa

dans la catégorie "on s'en doutait...", abc news rapporte que les agents de la national security agency (nsa) écoutent les conversations privées des citoyens, surtout si elles n'ont rien à voir avec le terrorisme et tout à voir avec l'intimité:

faulk says he and others in his section of the nsa facility at fort gordon routinely shared salacious or tantalizing phone calls that had been intercepted, alerting office mates to certain time codes of "cuts" that were available on each operator's computer. "hey, check this out," faulk says he would be told, "there's good phone sex or there's some pillow talk, pull up this call, it's really funny, go check it out. it would be some colonel making pillow talk and we would say, 'wow, this was crazy'," faulk told abc news.

maintenant, imaginez les claviers et les souris collantes aux bureaux d'echelon!

20080918

en "tournée" au québec!

je quitte ottawa pour quelques jours d'aventures musicales au québec: premièrement, ce soir et demain je participe (en tant qu'auditeur ainsi qu'en tant que compositeur) à l'événement l'art des bruits, organisé par érick d'orion, alias le george best de l'art audio, et tout ça se déroule à la salle multi du complexe méduse à québec; ensuite, samedi soir je présente "the plundercouncillor" (une performance djspooky-esque d'art audio canadien de plusieurs époques!) à l'abraham-martin dès 22:30 dans le cadre du cabaret audio du mois multi; finalement, lundi je suis au café chaos à montréal dès 20:00 pour l'off festival international de littérature et j'y accompagne les poètes avec ma panoplie de sons bizarres.

UPDATE! j'ai malheureusement annulé ma participation à l'off-fil pour cause de très méchante grippe mais les concerts à québec se sont très bien déroulés. des clips suivront très bientôt!

20080909

la réponse à la question...

le devoir se demande aujourd'hui: "le canada serait-il en train d'entrer dans une autre grande noirceur?"

la réponse est oui.

UPDATE: la réponse est encore oui.

20080907

retour sur les deux conventions

oui monsieur, j'ai écouté les 4 jours de convention démocrate et les 3 jours de convention républicaine (comme j'ai écrit vendredi sur l'aggloméré cosmique: [pour les républicains] "le premier jour était consacré à gustav, leur candidat le plus convaincant jusqu'à maintenant"). à tel point que je n'avais plus du tout le désir d'en penser quoique ce soit.

c'est le columnist frank rich dans le new york times d'hier qui m'a sorti de ma stupeur post-palin. sous le titre palin and mccain’s shotgun marriage, rich articule clairement comment, quoiqu'en étant une brillante stratégie politique, cette décision de mccain est dangereusement révélatrice:

[...] the entire thing was a sham [...] he wanted to choose the pro-abortion-rights joe lieberman as his vice president. if he were still a true maverick, he would have done so.

the “no surrender” warrior surrendered to the agents of intolerance not just by dumping his pal for palin but by moving so far to the right on abortion that even cindy mccain seemed unaware of his radical shift [...] that ideological sellout, unfortunately, was not the worst leadership trait the last-minute vice presidential pick revealed about mccain. his speed-dating of palin reaffirmed a more dangerous personality tic that has dogged his entire career. his decision-making process is impetuous and, in its bush-like preference for gut instinct over facts, potentially reckless.

suite aux discours de fred thompson ("terrorists, rogue nations developing nuclear weapons, an increasingly belligerent russia [...] to deal with these challenges the democrats present a history making nominee for president. history making in that he is the most liberal, most inexperienced nominee to ever run for president"), mitt romney ("we need change all right - change from a liberal washington to a conservative washington! we have a prescription for every american who wants change in washington - throw out the big government liberals and elect john mccain") et rudy giuliani ("our opponents want to reframe the debate. they would have you believe that this election is about 'change versus more of the same.' but that's really a false choice. because "change" is not a destination ... just as "hope" is not a strategy"), il ne faisait aucun doute que la plateforme républicaine pour 2008 n'est rien d'autre qu'une dangereuse obstination à poursuivre des politiques gratuitement dogmatiques et inappliquables.

ce tableau du new tork times, comparant les mots utilisés dans les discours des deux conventions, est éloquent à ce titre:



de la convention démocrate, j'ai retenu qu'encore aujourd'hui, s'ils maîtrisent bien ce que peggy noonan appelle "this political bullshit about narratives", la manipulation efficace de talking points préparés pour les réseaux médiatiques américains reste leur point le plus faible. autrement, comment ne pas avoir préparé une riposte efficace à la nomination de palin?

parce que voyez-vous, même the economist en est capable (l'emphase est mienne):

the moose in the room, of course, is her lack of experience [...] mrs palin, who has been the governor of a state with a population of 670,000 for less than two years, is the most inexperienced candidate for a mainstream party in modern history.

inexperienced and bush-level incurious. she has no record of interest in foreign policy, let alone expertise. [...] this not only blunts mr mccain’s most powerful criticism of mr obama. it also raises serious questions about the way he makes decisions.

mes moments favoris de la convention démocrate n'ont malheureusement pas été télédiffusés en prime-time, notons quand même le discours de la petite-fille du président (républicain) dwight eisenhower, susan eisenhower ("too many people in power have failed us. belligerence has been a substitute for strength; stubbornness for leadership; and impulsive action has replaced measured and thoughtful response"); le candidat défait de 2004 john kerry ("president obama and vice president biden will shut down guantanamo, respect the constitution, and make clear once and for all, the united states of america does not torture, not now, not ever"); sans oublier le gouverneur du montana, brian schweitzer ("like senator obama, my family has roots in the great plains. my grandparents were immigrants who came to montana with nothing more than the clothes on their back, high hopes and faith in god. my family didn’t have much in our little house. but a few things stand out in my memory: a crucifix and, on our kitchen wall, a framed picture of president kennedy [...] can we afford four more years? is it time for a change? when do we need it? and who do we need as the next president of the united states of america? that’s right. barack obama is the change we need!").

il reste moins d'une soixantaine de déprimants jours à cette élection américaine et on apprends ce matin qu'il faudra en plus souffrir celle que vient de déclancher notre premier ministre... palin/harper, probablement le ticket de la future zléa!

20080320

brèves notes sur un discours politique...

barack obama a livré le meilleur discours politique que j'ai entendu de ma vie active et probablement aussi de ces quarante dernières années. aussi éloquent et pragmatique que celui de kennedy sur sa foi catholique (que j'ai cité précédemment sur ce blogue):

je n'ai malheureusement pas eu le temps de revenir en détail sur les événements qui ont conduit à ce discours, mais je voulais porter à votre attention le commentaire de roger cohen, paru dans le new york times d'aujourd'hui (beyond america's original sin), dans lequel il trace un émouvant parrallèle entre son expérience de la ségrégation raciale en afrique du sud et la situation actuelle du débat racial aux états-unis:

"a racial divide, once lived, dwells in the deepest parts of the psyche. this is what was captured by barack obama's pitch-perfect speech on race. slavery was indeed america's 'original sin.' of course, 'the brutal legacy of slavery and jim crow' lives on in forms of african-american humiliation and anger that smolder in ways incommunicable to whites."

"[...] it takes bravery, and perhaps an unusual black-white vantage point, to navigate these places where hurt is profound, incomprehension the rule, just as it takes courage to say, as obama did, that black 'anger is real; it is powerful; and to simply wish it away, to condemn it without understanding its roots, only serves to widen the chasm of misunderstanding that exists between the races.'"

"progress, since the civil rights movement, or since apartheid, has assuaged the wounds of race but not closed them. to carry my part of shame is also to carry a clue to the vortexes of rancor for which obama has uncovered words."

une autre excellente lecture sur le sujet est un billet de frank schaeffer, obama's minister committed "treason" but when my father said the same thing he was a republican hero, dans lequel il souligne ce qu'aucun média commercial ne veut prendre le risque de mentionner: c'est à dire que les paroles "incendiaires" du pasteur jeremiah wright ne sont pas différentes de celles de son père, qui fut pasteur évangélicaliste:

"when senator obama's preacher thundered about racism and injustice obama suffered smear-by-association. but when my late father -- religious right leader francis schaeffer -- denounced america and even called for the violent overthrow of the us government, he was invited to lunch with presidents ford, reagan and bush, sr."

"every sunday thousands of right wing white preachers (following in my father's footsteps) rail against america's sins from tens of thousands of pulpits. they tell us that america is complicit in the 'murder of the unborn,' has become 'sodom' by coddling gays, and that our public schools are sinful places full of evolutionists and sex educators hell-bent on corrupting children."

"[...] dad became a hero to the evangelical community and a leading political instigator. [...] not one republican leader was ever asked to denounce my dad or distanced himself from dad's statements."

s'il remporte l'investiture démocrate, obama fera face à un barrage constant d'hypocrisie et d'outrage feint. le "scandale" jeremiah wright n'est qu'une première salve...

20080313

la course s'envenime...

l'establishment démocrate n'avait aucun problème avec le vote afro-américain quand il se ralliait en masse derrière les candidatures de bill clinton et john kerry. cependant, maintenant qu'une très grande majorité de ces électeurs appuient le sénateur barack obama, tout n'est plus aussi... rose!

après plusieurs attaques ambiguës, le camp clinton se retrouve au coeur du débat racial au états-unis depuis qu'un membre de son comité de financement, geraldine ferraro -- candidate démocrate à la vice-présidence lors de la campagne de walter mondale contre reagan en 1984 -- a déclaré qu'obama était "chanceux d'être noir":

"if obama was a white man, he would not be in this position. and if he was a woman (of any color) he would not be in this position. he happens to be very lucky to be who he is. and the country is caught up in the concept."

c'est un commentaire qui aurait pu passer très rapidement dans le cycle médiatique, sans grande conséquences, mais la course est très serrée et ferraro s'entête à se défendre de façon très agressive, déclarant:

"any time anybody does anything that in any way pulls this campaign down [...] you're accused of being racist, so you have to shut up. racism works in two different directions. i really think they're attacking me because i'm white. how's that?", et "if anybody is going to apologize, they should apologize to me for calling me a racist."

le hic, c'est que ce n'est pas la première fois que le camp clinton tente de couler la candidature d'obama avec des sous-entendus. je laisse le pétulant keith olbermann vous présenter ce moment assez désolant de la campagne à l'investiture démocrate: